Les limites et les enjeux du PAP 1ère
partie
Ce vendredi, 8
mars le conseil communal d’Esch a donc lancé – avec les abstentions de déi Lénk
et du LSAP - la procédure pour le nouveau plan d’aménagement général de la
Ville. La présentation fut d’ailleurs faite par une femme, car l’urbaniste en
cheffe d’Esch est bien féminine. La présente prise de position doit se faire en
deux temps car tous les éléments du PAG ne sont disponibles que ce lundi, 11
mars. Le PAG est un document essentiel car lorsqu’il aura franchi tous les
obstacles légaux il aura force de loi pour l’utilisation des sols de toute la
commune. Toute la commune… ?
Terrae incognitae
Dans le PAG il
manque bien l’équivalent d’une centaine de terrains de foot : toute la
friche d’Arbed-Esch-Schifflange et la partie de la friche de Terre Rouge ou se
trouvait la centrale thermique, la partie luxembourgeoise donc du crassier de
cette usine. Ces importantes surfaces ne sont pas traitées pour des raisons
légales : au moment de l’établissement du PAG on se base sur le droit
d’utilisation existant, p.ex. un PAP (plan d’aménagent particulier) ou un
terrain industriel, même sil n’est plus utilisé comme tel. C’est vraiment
dommage, d’autant plus qu’il s’agit de ces parties du domaine communal ou le
génie de planification urbaine à long terme pourrait se déployer de la façon la
plus créative. Les secteurs centraux de la Ville ne peuvent pas subir tellement
de changements, il s’agit souvent surtout de les préserver !
Qui plus est, la
reconversion des friches n’est pas planifiée par les urbanistes de la Ville
mais par des sociétés engagées par les propriétaires à savoir l’ARBED en
association avec l’Etat, dans Agora. La Ville a droit de participer à la
planification, mais elle n’en est pas le patron. Les représentants des services
communaux participent dans des groupes travail spécialisés sur un thème, ce qui
ne donne pas une vue d’ensemble et peut mener à des dérapages par exemple
concernant la circulation : utiliser un grand terrain pour y faire passer
un accès motorisé facile vers l’autoroute au lieu d’organiser un quartier
nouveau un peu comme une ville nouvelle qui a besoin de la multiplicité des
fonctions urbaines. C’est la privatisation du développement urbain. L’Agora
avec A majuscule permute l’agora avec a minuscule, le centre de la vie
politique et sociale de la cité antique, en son contraire, la prééminence du
privé sur le commun.
Les frontières dans les lois
et les cerveaux
Elles se manifeste
précisément dans les terrains à développer qui se partagent entre deux entités
politiques : la commune de Schifflange pour Arbed-Esch-Schifflange, la
Ville d’Audun et la commune de Russange pour le crassier de Terre Rouge. Il est
évident qu’il faudrait planifier en commun. Mais on briserait le cadre légal et
les procédures prescrites en matière de PAG. Et dire que le « GECT »,
qui rassemble les communes françaises et luxembourgeoises du bassin de la haute
Alzette dans une structure favorisée et partiellement financée par l’Union
européenne ne s’occupe pas de grand chose, mais surtout pas de planification
urbaine régionale !
Le piège des PAP dormants
Non, le PAG ne
peut pas tout mettre à plat et tout réinventer au risque de stopper le
développement urbain au lieu de le stimuler. Mais les PAP acceptés il a de
longues années par le conseil communal et qui n’ont pas de terme posent
problème. Les consultants assidus de la partie graphique du PAG (espérons
qu’ils seront 35.000 !) remarqueront que les étangs de l’ancien château
Schauwenburg ont disparu. (Voir Boulevard Berwart et le continuer idéalement
vers l’est.) La situation légale est celle que l’occupation des sols au
Schlassgoard est définie par un PAP de 2005 et partiellement réalisé depuis. Il
suffit donc de consulter le plan de ce PAP pour y voir plus clair. Les PAP sont
consultables sur le site de la Ville, mais pas celui-ci. Il faut espérer que la
publication sur site du ou des PAP Schlassgoard sera active lundi, 11 mars avec
l’ensemble des documents du PAG. A la Ville on vous répondra qu’il s’agit d’un
bug informatique et que une fois le PAG complété par la friche
Arbed-Esch-Schifflange on va de toute façon revenir sur ce PAP et les adapter.
La difficulté du débat public
J’avais espéré que
la procédure d’établissement du PAG (partie publique) serait l’occasion pour un
grand débat démocratique sur l’avenir urbanistique, mais aussi sur les
questions sociales, économiques culturelles, environnementales et de logement.
Hélas la complexité des documents de base graphique et écrite rend ce débat
difficile. J’ai fait imprimer les deux plans sur un plotter (1m50x1m10x2) et je
les consultes sur quatre pattes n’ayant pas de pan de mur libre pour
l’attacher. La consultation sur écran d’ordinateur permettra de voir des
détails, mais c’est justement par quoi il ne faudrait pas commencer. Le risque
est que l’individualisme ambiant mènera les consultants à s’occuper de leur
petit coin (« what happens in my backyard ? »). Il faut dire que
la période de 3 semaines pour s’adresser aux autorités communales avec des questions,
des réclamations et des propositions est minimaliste. C’est la loi.
Une cartographie fascinante
J’étais toujours
fasciné par les cartes et les plans. Ceux du PAG qui se déchiffrent lorsqu’on
les fait agrandir les 2 DINA4 par le curseur se découvrent comme un nouveau
continent. Le travail professionnel des urbanistes et des cartographes est
admirable. Non, ceci ne contredit pas les alinéas précédents qui traitent les
limites imposées par les orientations politiques, les rapports de force
défavorables envers les possédants et propriétaires fonciers, en fin de compte
la domination du capital. Je reviendrai donc dans quelques jours sur un certain
nombre de « détails » que sont la question du logement, de la
mobilité, des visions d’avenir…
(10.3.2019)
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