Sonntag, 10. März 2019

Certaines choses d'Esch qu'il faudrait savoir


Les limites et les enjeux du PAP 1ère partie

Ce vendredi, 8 mars le conseil communal d’Esch a donc lancé – avec les abstentions de déi Lénk et du LSAP - la procédure pour le nouveau plan d’aménagement général de la Ville. La présentation fut d’ailleurs faite par une femme, car l’urbaniste en cheffe d’Esch est bien féminine. La présente prise de position doit se faire en deux temps car tous les éléments du PAG ne sont disponibles que ce lundi, 11 mars. Le PAG est un document essentiel car lorsqu’il aura franchi tous les obstacles légaux il aura force de loi pour l’utilisation des sols de toute la commune. Toute la commune… ?


Terrae incognitae

Dans le PAG il manque bien l’équivalent d’une centaine de terrains de foot : toute la friche d’Arbed-Esch-Schifflange et la partie de la friche de Terre Rouge ou se trouvait la centrale thermique, la partie luxembourgeoise donc du crassier de cette usine. Ces importantes surfaces ne sont pas traitées pour des raisons légales : au moment de l’établissement du PAG on se base sur le droit d’utilisation existant, p.ex. un PAP (plan d’aménagent particulier) ou un terrain industriel, même sil n’est plus utilisé comme tel. C’est vraiment dommage, d’autant plus qu’il s’agit de ces parties du domaine communal ou le génie de planification urbaine à long terme pourrait se déployer de la façon la plus créative. Les secteurs centraux de la Ville ne peuvent pas subir tellement de changements, il s’agit souvent surtout de les préserver !

Qui plus est, la reconversion des friches n’est pas planifiée par les urbanistes de la Ville mais par des sociétés engagées par les propriétaires à savoir l’ARBED en association avec l’Etat, dans Agora. La Ville a droit de participer à la planification, mais elle n’en est pas le patron. Les représentants des services communaux participent dans des groupes travail spécialisés sur un thème, ce qui ne donne pas une vue d’ensemble et peut mener à des dérapages par exemple concernant la circulation : utiliser un grand terrain pour y faire passer un accès motorisé facile vers l’autoroute au lieu d’organiser un quartier nouveau un peu comme une ville nouvelle qui a besoin de la multiplicité des fonctions urbaines. C’est la privatisation du développement urbain. L’Agora avec A majuscule permute l’agora avec a minuscule, le centre de la vie politique et sociale de la cité antique, en son contraire, la prééminence du privé sur le commun.

Les frontières dans les lois et les cerveaux

Elles se manifeste précisément dans les terrains à développer qui se partagent entre deux entités politiques : la commune de Schifflange pour Arbed-Esch-Schifflange, la Ville d’Audun et la commune de Russange pour le crassier de Terre Rouge. Il est évident qu’il faudrait planifier en commun. Mais on briserait le cadre légal et les procédures prescrites en matière de PAG. Et dire que le « GECT », qui rassemble les communes françaises et luxembourgeoises du bassin de la haute Alzette dans une structure favorisée et partiellement financée par l’Union européenne ne s’occupe pas de grand chose, mais surtout pas de planification urbaine régionale !

Le piège des PAP dormants

Non, le PAG ne peut pas tout mettre à plat et tout réinventer au risque de stopper le développement urbain au lieu de le stimuler. Mais les PAP acceptés il a de longues années par le conseil communal et qui n’ont pas de terme posent problème. Les consultants assidus de la partie graphique du PAG (espérons qu’ils seront 35.000 !) remarqueront que les étangs de l’ancien château Schauwenburg ont disparu. (Voir Boulevard Berwart et le continuer idéalement vers l’est.) La situation légale est celle que l’occupation des sols au Schlassgoard est définie par un PAP de 2005 et partiellement réalisé depuis. Il suffit donc de consulter le plan de ce PAP pour y voir plus clair. Les PAP sont consultables sur le site de la Ville, mais pas celui-ci. Il faut espérer que la publication sur site du ou des PAP Schlassgoard sera active lundi, 11 mars avec l’ensemble des documents du PAG. A la Ville on vous répondra qu’il s’agit d’un bug informatique et que une fois le PAG complété par la friche Arbed-Esch-Schifflange on va de toute façon revenir sur ce PAP et les adapter.

La difficulté du débat public

J’avais espéré que la procédure d’établissement du PAG (partie publique) serait l’occasion pour un grand débat démocratique sur l’avenir urbanistique, mais aussi sur les questions sociales, économiques culturelles, environnementales et de logement. Hélas la complexité des documents de base graphique et écrite rend ce débat difficile. J’ai fait imprimer les deux plans sur un plotter (1m50x1m10x2) et je les consultes sur quatre pattes n’ayant pas de pan de mur libre pour l’attacher. La consultation sur écran d’ordinateur permettra de voir des détails, mais c’est justement par quoi il ne faudrait pas commencer. Le risque est que l’individualisme ambiant mènera les consultants à s’occuper de leur petit coin (« what happens in my backyard ? »). Il faut dire que la période de 3 semaines pour s’adresser aux autorités communales avec des questions, des réclamations et des propositions est minimaliste. C’est la loi.

Une cartographie fascinante

J’étais toujours fasciné par les cartes et les plans. Ceux du PAG qui se déchiffrent lorsqu’on les fait agrandir les 2 DINA4 par le curseur se découvrent comme un nouveau continent. Le travail professionnel des urbanistes et des cartographes est admirable. Non, ceci ne contredit pas les alinéas précédents qui traitent les limites imposées par les orientations politiques, les rapports de force défavorables envers les possédants et propriétaires fonciers, en fin de compte la domination du capital. Je reviendrai donc dans quelques jours sur un certain nombre de « détails » que sont la question du logement, de la mobilité, des visions d’avenir…

(10.3.2019)

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