Sonntag, 1. September 2019

Chroniques eschoises: 14 septembre 2019 : Aix-sur-Alzette


14 septembre 2019 : Aix-sur-Alzette

Aix, c’est une blague, encore que. Le 14 septembre 2019, aura lieu la nuit de la culture d’Esch-sur-Alzette. Je viens de recevoir le dépliant avec le formidable programme de cette soirée avec sa trentaine de rendez-vous. Le fil rouge de cette édition de la nuit de la culture est bien l’eau. Ce qui rejoint une idée de notre ville que je me fais depuis longtemps : Esch est une ville d’eau ! Cela est vérifiable par l’étymologie de son nom, sa topographie, son histoire et documenté par les nombreux noms de rue se référant à l’eau. Je suis d’avis que Esch devrait s’inventer un « city branding » basé entre autre sur ce concept de « ville d’eau ».


Comme nous n’avons ni mer, ni lac, ni fleuve, mettons en évidence et approprions-nous l’eau que nous avons dans tous les coins de la ville : l’Alzette et le Dipbach à renaturer, les étangs du château avec l’ abondante source « Kaefgesbuer » (orthographe incertain), les bassins de refroidissement encore privés de la sidérurgie à Belval, Arbed-Esch-Schifflange et Terres-Rouges (rue d’Audun, côté français), la petite source du Clair-Chêne, le Lankelzer Weiher, les étangs du domaine Ellergronn (qui sont plus que deux !) les Wäschbuer, la mystérieuse disparition des eaux remplissant les minières dont on a arrêté les pompes …la souhaitable renaissance de bains publics naturels ERA ou ARE suivant des idées fournies par les étudiants de l’université de Nancy. La liste est longue et incomplète.

La blague ? A l’issue de la première guerre mondiale, des intellectuels très francophiles eschois avaient exigé le changement de nom d’Esch-sur-Alzette en « Aix-sur-Alzette » en se référant à d’autres villes d’eau plus prestigieuses comme Aix-en Provence, Aix-les-Bains ou Aix-la-Chapelle. C’est vrai qu’on avait eu une source minérale à Belval (côté Belvaux) dont l’eau était commercialisée et exportée. C’était une fausse bonne idée que de rebaptiser Esch en Aix, mais une idée qui comportait un fondement étymologique défendable. Il est généralement admis que Aix provient du latin aqua (eau). Esch a une localité cousine près d’Aubange qui s’appelle Aix-sur-Cloie, en luxembourgeois Esch-op-der Huurt. Selon Flies, l’empereur Charles le Chauve avait fait en l’an 874 don à l’abbaye de Juvigny de deux terrains à « Asc » près de Messancy et d’un autre « apud alium Asc » (près de l’autre Esch). Ce qui amena Flies à intituler son gros livre « Das Andere Esch ». On retrouve dans des documents d’autres dominations comme « vila hesc », « Eche » etc.





Tu felix Alisontia !

« Coulant sans bruit à travers de grasses campagnes, l’heureuse Alisontia effleure des rivages couverts de moissons. »
(source remacle.org, numérisation Vebr/Fournier).

En latin s’il vous plaît ? « Tacitum qui per sola pinguia labens stringit frugiferas felix Alisontia ripas ». Il s’agit bien de l’Alzette. Certains pensaient que Alisontia désignait le ruisseau Eltz qui descend de l’Eifel vers la Moselle qu’avait décrit le poète romain Ausone (Ausonius). Le régime de ce ruisseau à caractère montagnard ne correspond pas du tout à la description d’Ausonius. L’Alzette, qui « duerech d’Wisen zitt », est conforme. Il faut dire qu’Ausone traite les affluents de la Moselle et que l’Alzette n’est pas stricto sensu un affluent puisqu’elle se jette dans la Sûre (Sura). Ausonius a dû penser que ce n’était qu’un petit détour.

Le comte Sigefroi écrivait en 963 de son châtelet du Bock qu’il était situé « super ripam Alsuatim Fluminis ». Donc de son temps « Alsuatia », ce qui est très près d’Alisontia. Les nazis, idiots et falsificateurs de l‘histoire qu’ils étaient, n’aimaient pas la terminaison romane « ette » et l’avaient renommée « Alzig ». Elle continuait quand-même à couler.

Dans l’entre-deux-guerres, les étudiants luxembourgeois de Bonn avaient choisi Alisontia pour dénommer leur association. A Steinsel, ce sont les footballeurs qui l’ont choisi pour nommer leur club. A Esch, on ne parle guère de ce nom latin. D’ou mon idée de le rappeler brièvement à l’occasion de la nuit de la culture qui a l’eau comme thème.

Ausonius était un poète latin du 4e siècle, bordelais de naissance, très instruit, juriste, professeur et comte palatin proche des empereurs. Parmi ses nombreuses œuvres, « de Mosella» est bien connu des latinistes de notre grande région. Une grande partie de ses œuvres est connue, publiée et traduite.

Kaefchesbuer

C’est celui qui alimente les étangs du château. (photo) Ces étangs n’étaient pas d’essence industrielle bien que l’eau de leur source avait été utilisée par Arbed-Esch. La résurgence actuelle avait été déplacée probablement lors de la construction du chemin de fer. Avant, la source jaillissait du talus du Lalléngerbierg, donc du côté est de la rue de Schifflange. Elle est d’une parfaite clarté. Son aire de ruissellement est protégée. Elle sera prochainement dirigée vers le système de distribution d’eau potable de la ville car elle pourrait couvrir plus de 20% des besoins.

Monsieur Demuth qui a beaucoup recherché sur l’histoire de notre ville me dit qu’il faudrait plutôt l’appeler « Kierfechtsbuer » car à
l’ancien emplacement se trouvait un petit cimetière. (31.8.2019)

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