ROUTLËNS - Participation ou
Marketing ?
Les travaux de
démolition ont commencé sur le tiers de la friche d’ARBED-Terre-Rouge qui
s’appelle maintenant « Roud Lëns ». Cela va durer jusqu’en septembre
2021. J’avais déjà rendu attentif au
fait qu’à la lentille, la planification urbaine était privatisée. Le nouveau
propriétaire du site, la société IKO appartenant au spéculateur foncier,
Monsieur Lux, mène la danse et impose son narratif. Tout sera magnifique :
« durable, écologique, humain, artistique ; il y aura de la qualité
de vie, de la valorisation du patrimoine industriel, de la convivialité. »
Vous avez dit participation ? Il est possible d’envoyer des idées sur le
site ROUTLËNS et c’est à peu près tout en matière de participation. Les
ateliers publics organisés par IKO à l’école du Brill et les promenades sur le
site et le droit d’envoyer des idées ne sont pas de la participation ais
uniquement du marketing.
Monsieur Lux est
un homme d’affaires habile qui sait capter les sentiments d’une ville et les
instrumentaliser pour ses projets. Voilà qu’apparaissent des peintures murales
géantes dans la rue d’Audun (direction frontière) et une forêt de drapeaux près
de la barrière CFL.
L’intervention de
l’administration communale dans tout ce remue-ménage est sommes toutes effacée.
Les très grandes lignes du projet sont intégrées dans le nouveau PAG (plan
d’aménagement général) en cours de légalisation. En gros, il s’agissait de
définir deux zones hab1 (faible densité de construction – du côté d’Audun) et
hab2 (densité initialement fixée à 250 logements par hectare et rabaissée
depuis à 160 unités/ha). 4 vestiges industriels sont à préserver ou réutiliser
(2 halles, une tour de contrôle ferroviaire et le long mur en brique le long de
la rue d’Audun). I faut encore ajouter les « servitudes » de mobilité
douce inscrites approximativement dans le PAG et qui pourraient se révéler
précieuses à l’avenir. Les installations de déchargement le long de la rie
Barbourg que veulent préserver les activistes du quartier autour de l’ami Heng
Clemens ne sont plus un sujet pour Lux. Concernant le quota de logement locatif
à prix abordable, l’administration communale va essayer de le remplacer autant
que possible par du logement de propriété. La ligne politique de
« gentrification » , consensuelle parmi toutes les fractions du
conseil communal – sauf déi Lénk – se heurte cependant à certaines dispositions
législatives et peut-être à l’attitude du ministre du logement dont le fauteuil
est sans cesse occupé par des titulaires changeants qui se le repoussent comme
une patate trop chaude.
Ce qui est grave
dans l’appropriation privée de la planification urbaine c’est le fait que le
projet concernant les 10,5 ha de la lentille est traitée comme un terrain de
jeu dans les mains d’un spéculateur, qui ne doit pas se soucier de son
insertion dans l’ensemble du tissu urbain. A ce sujet, les interrogations sans
réponse sont multiples.
-
Quelle
sera la connexion avec le quartier Hiehl ?
-
Quelle
sera la connexion envers l’autre partie de l’ancienne usine Terre Rouge (plus
étendue) du crassier ?
-
Quel
sera à l’avenir le concept de mobilité dans le sud d’Esch ?
-
Quel
rôle est dédié à la « Handwierkergässel » qui n’est pas sur le
terrain de la lentille, mais à 20 mètres de celle-ci ?
-
Que se
passera-t-il avec le tunnel qui reliait la lentille à la gare d’Esch et qui
passe en dessous du passage à niveau ?
-
Que
fait-on des ponts qui relient la lentille au crassier ?
-
Comment
voit-on l’avenir de la circulation vers Audun, qui est notre ville voisine et
que seul les suicidaires osent approcher à pied ou à vélo ?
-
Est-ce
que le GECT Belval-Alzette (une coopération des communes limitrophes
luxembourgeoises et françaises de la petite région est impliquée dans la
planification ?
-
Existe-t-il
au moins des consultations sur l’avenir des surfaces aquatiques (étangs,
bassins de refroidissement, cours d’eau) de l’autre côté de la rue de Belval ?
-
Un promoteur privé
n’est pas obligé de s’occuper de toutes ces questions urbanistiques. Il
s’occupe de la rentabilisation de son terrain. L’administration communale
s’efforcera d’encadrer vaguement son projet. La population de la ville est
laissée pour compte. Le projet ROUTLËNS est un exemple comment il ne faut pas
faire la planification urbaine et l’organisation de notre territoire urbain –
pardon – du territoire urbain de Monsieur Lux.
6.10.2019
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