Sonntag, 22. Dezember 2019

Certaines choses d’Esch qu’il faudrait savoir - Esch construit sur les schistes bitumineux : vrai ou faux ?


Esch construit sur les schistes bitumineux : vrai ou faux ?

Presque tout le monde le dit : Esch s’élève sur une couche de schistes bitumineux. Un ancien ministre qui aime publier des forums dans la presse quotidienne où il défend des positions productivistes et néolibérales est même allé plus loin. Monsieur Goebbels avait réclamé des tests pour savoir si on pouvait extraire du gaz de cette couche prétendument carbonisée. La technique du « fracking » (fracturation) est fortement encouragée par l’administration Trump pour assurer l’autosuffisance énergétique des Etats-Unis. Ceci au prix de fortes menaces sur les couches d’eau souterraines et de tremblements de terre localisés. J’avais déjà proposé un mot d’ordre contre l’introduction du « fracking » dans le sud du Luxembourg : « Fir d’frecke kee fracking ! » Mais ce mot d’ordre ne servira pas.


Un terme impropre

L’abréviation « ti » pour « terme impropre » apparaissait souvent dans la marge de mes premières rédactions en classe en français lorsque mon vocabulaire réduit ne me permettait pas de placer le mot juste à l’endroit qu’il fallait. Dans le traitement populaire des sciences naturelles les termes impropres sont légion. Nous disons « Päischtrous » pour une plante qui n’est pas du tout de la famille des rosacées. Nous disons « acacias » pour des arbres qui sont en fait des robiniers. Les acacias ne poussent pas dans nos contrées. Les « schistes bitumineux » (« Uelegschiefer ») eschois n’ont rien de schistes et surtout pas de gaz ou pétrole.

Pour bien se renseigner, il faut consulter la carte géologique d’Esch-sur-Alzette sur géologie.lu . Elle n’est pas facile à lire. Je suis en train de m’entraîner pour lire correctement une carte géologique qui se compose d’une partie graphique et de deux colonnes. La colonne stratigraphique indique l’âge des roches et la colonne lithologique avec sa légende indique la nature des roches. Sous réserve d’imprécision, la nature du substrat dont nous parlons se compose soit des argilites marneuses grises feuilletées soit des marnes argileuses grises feuilletées. (Allez savoir s’il y a une différence.) En tout cas ce sont des marnes (Mergel) plus ou moins argileuses. Leur structure en mille-feuille ressemble un peu aux schistes de l’Oesling, mais la composition est complètement différente. Une chose est certaine : ça ne gaze pas, Monsieur Goebbels !

Un substrat quelque peu problématique si…

Les marnes sur lesquelles sont construits la plupart de nos immeubles (ce n’est pas le cas pour les rues du Stade et voisines ni pour le Dieswé, s’entend) sont molles, ce ne sont pas des roches dures. Elles ont besoin d’une certaine humidité pour rester bien stables. Un drainage inapproprié ou un réchauffement de la couche par une cave fortement chauffée par une chaufferie centrale importante peut conduire à un dessèchement et un ruissellement de grumeaux vers des couches inférieures. Ce qui peut avoir comme effet des vides qui déstabilisent les bâtiments. C’est peut-être ou probablement la cause de fissures assez importantes dans des maisons du quartier Raemerech.

A Esch, la préservation de la couche de marnes peut devenir un objectif à retenir dans le cadre de l’adaptation de notre ville au changement climatique. Je ne veux en aucun cas créer de panique. Nous parlons évidemment de processus lents. Esch ne va pas s’enfoncer comme l’Atlante. Dans un article précédent, j’avais fait la distinction entre la lutte pour les objectifs de la cop21 de Paris et la nécessité de se préparer dès maintenant à l’adaptation au changement climatique réellement existant ou programmé à assez court terme.

20.12.2019

Keine Kommentare:

Kommentar veröffentlichen