Esch construit sur les schistes
bitumineux : vrai ou faux ?
Presque tout le
monde le dit : Esch s’élève sur une couche de schistes bitumineux. Un
ancien ministre qui aime publier des forums dans la presse quotidienne où il
défend des positions productivistes et néolibérales est même allé plus loin. Monsieur
Goebbels avait réclamé des tests pour savoir si on pouvait extraire du gaz de
cette couche prétendument carbonisée. La technique du « fracking »
(fracturation) est fortement encouragée par l’administration Trump pour assurer
l’autosuffisance énergétique des Etats-Unis. Ceci au prix de fortes menaces sur
les couches d’eau souterraines et de tremblements de terre localisés. J’avais
déjà proposé un mot d’ordre contre l’introduction du « fracking »
dans le sud du Luxembourg : « Fir d’frecke kee fracking ! »
Mais ce mot d’ordre ne servira pas.
Un terme impropre
L’abréviation « ti »
pour « terme impropre » apparaissait souvent dans la marge de mes
premières rédactions en classe en français lorsque mon vocabulaire réduit ne me
permettait pas de placer le mot juste à l’endroit qu’il fallait. Dans le
traitement populaire des sciences naturelles les termes impropres sont légion.
Nous disons « Päischtrous » pour une plante qui n’est pas du tout de
la famille des rosacées. Nous disons « acacias » pour des arbres qui
sont en fait des robiniers. Les acacias ne poussent pas dans nos contrées. Les
« schistes bitumineux » (« Uelegschiefer ») eschois n’ont
rien de schistes et surtout pas de gaz ou pétrole.
Pour bien se
renseigner, il faut consulter la carte géologique d’Esch-sur-Alzette sur
géologie.lu . Elle n’est pas facile à lire. Je suis en train de m’entraîner
pour lire correctement une carte géologique qui se compose d’une partie
graphique et de deux colonnes. La colonne stratigraphique indique l’âge des
roches et la colonne lithologique avec sa légende indique la nature des roches.
Sous réserve d’imprécision, la nature du substrat dont nous parlons se compose soit
des argilites marneuses grises feuilletées soit des marnes argileuses grises
feuilletées. (Allez savoir s’il y a une différence.) En tout cas ce sont des
marnes (Mergel) plus ou moins argileuses. Leur structure en mille-feuille
ressemble un peu aux schistes de l’Oesling, mais la composition est
complètement différente. Une chose est certaine : ça ne gaze pas, Monsieur
Goebbels !
Un substrat quelque peu
problématique si…
Les marnes sur
lesquelles sont construits la plupart de nos immeubles (ce n’est pas le cas
pour les rues du Stade et voisines ni pour le Dieswé, s’entend) sont molles, ce
ne sont pas des roches dures. Elles ont besoin d’une certaine humidité pour
rester bien stables. Un drainage inapproprié ou un réchauffement de la couche
par une cave fortement chauffée par une chaufferie centrale importante peut
conduire à un dessèchement et un ruissellement de grumeaux vers des couches
inférieures. Ce qui peut avoir comme effet des vides qui déstabilisent les
bâtiments. C’est peut-être ou probablement la cause de fissures assez
importantes dans des maisons du quartier Raemerech.
A Esch, la
préservation de la couche de marnes peut devenir un objectif à retenir dans le
cadre de l’adaptation de notre ville au changement climatique. Je ne veux en
aucun cas créer de panique. Nous parlons évidemment de processus lents. Esch ne
va pas s’enfoncer comme l’Atlante. Dans un article précédent, j’avais fait la
distinction entre la lutte pour les objectifs de la cop21 de Paris et la
nécessité de se préparer dès maintenant à l’adaptation au changement climatique
réellement existant ou programmé à assez court terme.
20.12.2019
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