Le polémique autour des ajoutes de définitions à la fin de la partie
écrite du PAG eschois efface quelque peu le débat sur le vrai contenu du
plan d’aménagement. Disons le tout de suite : la lubie rétrograde
du collège échevinal, qui freine l’ évolution de formes de vie en
société nouvelles et qui se dirige aussi contre la population
estudiantine ne tient pas debout juridiquement, elle sera cassée.
Espérons que les dégâts ne seront pas trop importants entretemps et
avant que le collège se sera ravisé ou que les autorités supérieures ou
la justice auront mis fin au texte incriminé.
L’œuvre entière du nouveau PAG est considérable, un travail de pros qui
va structurer l’évolution de notre bonne ville pendant des décennies. Il
y aura sans doute des choses à rectifier ultérieurement (au delà du
petit chapitre malheureux des définitions du vivre ensemble). Il reste
d’importants blancs comme tous les territoires de l’ancienne usine
Arbed-Esch-Schifflange et du crassier de Terre de Rouge qui logeait la
centrale thermique et la « Handwierkergässel » pourtant
classée. Qui dit blancs pense également voies de circulation de et vers
ces terrains qui sont toujours classés comme terrains industriels.
Je voudrais dans ce petit texte traiter les problèmes du changement
climatique tels qu’ils peuvent se décliner dans l’aménagement général
futur d’Esch-sur-Alzette. Pour faire simple, j’ai divisé les objectifs
d’adaptation au changement climatique sous quatre verbes.
Blanchir
Les surfaces minérales de couleur sombre absorbent les rayons du soleil
et les remettent dans l’atmosphère la nuit. Lors des canicules, la
température ne descend plus que très peu la nuit. Toute une ville, ou du
moins ses quartiers centraux sont en insomnie. Les surfaces claires -
pas forcément toutes blanches - rejettent les rayons du soleil et les
nuits restent respirables. Aussi l’urbanisme moderne recommande-t-il de
« blanchir » peu à peu les villes y comprises en remplaçant
l’asphalte noir par des revêtements clairs. L’effet progressif de telles
mesures est loin d’être anecdotique. Leur effet peut tempérer les pics
de canicule de nombreux degrés. Il ne s’agit pas de tout démolir et de
recommencer à zéro. Il s’agit de planifier sur le long terme.
Verdir
Les Eschois(es) en parlent peu mais les visiteurs le remarquent :
Esch est une Ville pas mal verte. Pendant quelques décennies, de
nombreuses rues à renouveler ont été plantées. Ces derniers temps, les
efforts de verdir Esch battent de l’aile. Dans le rue Zénon Bernard,
entre Xavier Brasseur et Dicks, je vois seulement deux fosses pour y
planter un arbre. On nous dit que les racines des arbres causent
problème aux réseaux souterrains. On ne fait plus des rangées d’arbres
mais d’un arbre-alibi près de chaque coin de rue. On laisse minéraliser
avec de la sombre « Grauwacke » les jardins privés des
secteurs « Hab1 » sans la moindre réaction de la part de la
municipalité. On fait installer à fort prix des jardins éphémères sur
asphalte fort bien reçus par la population. Il n’y a presque aucun effet
positif sur la biodiversité. Du point de vue écologique c’est plutôt une
arnaque. Il faut à Esch une planification verte dans tous les
quartiers ! Actuellement, nous sommes en régression.
Humidifier
La science urbanistique moderne s’occupe de plus en plus du problème.
Pour lutter contre les effets du changement climatique il faut
réhabiliter le rôle de l’eau de surface. Même en temps de températures
élevées, les eaux de surface, rivières, ruisseaux, étangs ne dépassent
que rarement les 23-24 degrés. Ils tempèrent le climat ambiant pendant
les pics de chaleur. C’est également vrai pour les forêts qui restent à
peu près fraiches parce que contenant beaucoup d’humidité. Les
urbanistes insistent sur l’importance de l’eau en mouvement. Là encore,
l’effet est loin d’être anecdotique. Alors il faut sortir les cours
d’eau des canaux et poursuivre les travaux pour sortir l’Alzette et le
Dipbach de leur carcan en béton. Et la rue de l’Alzette ? Soyons
courageux ! Elle lutte pour la préservation de son prestige. On
cherche des solutions-miracles pour attirer du monde dans cet espace
commercial (et social) qui subit les affres du commerce en ligne. Et si
l’on faisait de nouveau couler un «Bächle » comme à
Fribourg-en-Brisgau ? Mais l’Alzette pue ! L’Alzette est
purifiée par la station d’épuration moderne et biologique d’Audun, elle
ne pue plus. Et que dira le prince-héritier en défilant la soirée du 22
juin ? On lui prêtera un kayak.
Aérer
La technique consiste à mesurer les flux d’air frais dans les villes à
l’aide d’anémomètres. Il s’agit de détecter les micro-flux, qu’on peut
influencer par des mesures d’urbanisme. Contre les
« macro-flux » que nous indiquent les bulletins-météo on ne
peut rien, ils nous sont dictés par la nature. Il s’agit de guider un
peu les petits flux frais vers les quartiers fortement urbanisés. Il
existe des compétences à ce sujet auprès de l’université de Luxembourg,
dont il faudrait se servir tout comme pour les chapitres
« blanchir », »verdir » et « humidifier ».
Après tout, nous sommes maintenant une ville universitaire. Il serait
temps de s’en rendre compte à la mairie aussi concernant les compétences
accumulées dans les recherches scientifiques et qui doivent faire leur
entrée dans la gestion communale.
Pour un plan climat superposé au PAG
Je suis venu à la conviction que le PAG eschois en phase d’adoption a
besoin d’un « plan superposé » en matière climatique. Le terme
superposé est déjà utilisé dans la sémantique du PAG mais dans un autre
sens. Il ne s’agit pas de freiner la mise en service du PAG. La
superposition peut se faire après. Le logique des PAG (celle des PAG en
général, ce n’est un problème eschois) tient trop du
« Flächennutzungsplan ». Il ne s’agit pas seulement de définir
la fonction des différentes surfaces urbaines. D’ailleurs le PAG eschois
contient déjà bien des éléments qui dépassent de loin le sens de la
traduction allemande de l’objet, comme des couloirs, des servitudes etc.
Les quatre mots que je viens de traiter sont indicatifs et incomplets.
Ainsi faudrait-il probablement ajouter des « coulées vertes »
ou couloirs verdis pour connecter des espaces verts urbains à d’autres
comme par exemple l’espace du parc Laval et le cimetière St. Joseph, qui
ressemble de plus en plus à un parc , au Schlassgoard. Il y a beaucoup
de matière à réfléchir pour améliorer notre planification urbaine pour
faire d’Esch la plus belle ville du pays (qu’elle est probablement déjà)
mais surtout la plus vivable.
19.7.2020
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