Rosati
Vous connaissez la maison Rosati ? Ce joli endroit caché du Schlassbësch était autrefois une carrière de calcaire. Actuellement elle sert pour organiser de romantiques barbecues ou bacchantes nocturnes (voitures interdites – gare au loup !). Les couches de minette étaient et sont encore couronnées par une couche de bonne pierre calcaire qui servait à la construction des bâtiments - la minette étant fragile et cassante - et depuis le début du siècle dernier pour la production de ciment. Les pierres de la carrière Rosati étaient acheminées par un petit train de minière vers les installations du Ellergronn en contournant en hauteur la « fin du monde » ou le « cirque » formé par la source du Deisterbesch. Le tracé de ce petit train est entièrement conservé sous la forme d’un bon chemin forestier. De nos jours, la pierre calcaire est toujours exploitée à Rumelange pour la construction et entre les communes de Rumelange et d’Ottange et/ou Audun pour la production de « clinker », matière première du ciment.
La grande carrière
Elle est située à cheval sur la frontière et on la rencontre sur une des 3-4 itinéraires possibles pour rejoindre à pied Rumelange. La carrière au sens propre s’enfonce toujours plus en terre française et le tapis roulant qui la relie au grands fours de l’ »Intermoselle » de Rumelange est prolongé en conséquence. Cette carrière est impressionnante et son extension est actuellement contestée du côté d’Audun. La société Cimalux se défend en arguant qu’il n’y a aucun trafic de camions et que le terrain est reboisé aussitôt qu’une tranche d’exploitation est épuisée. Le reboisement se fait donc à niveau de quelques dizaines de mètres plus bas que celui de la forêt originale.
Qui est Cimalux ?
Un bref historique s’impose. A partir de 1894 une cimenterie à Rumelange produisait du ciment à base de laitier de haut fourneau. En 1897 fut créée la Compagnie Générale des Ciments. En 1912 l’ARBED initia la création de la société des Ciments d’Esch. Elle fabriquait des ciments Portland et des ciments Portland de fer. En 1920 la Compagnie Générale des Ciments et les Ciments d’Esch fusionnèrent pour former la S.A. des Ciments Luxembourgeois. Leur groupe comprenait dans les années 1960 la cimenterie d’Esch, une briquetterie à Dommeldange, les Chaux de Contern, des usines à Contern et Bertrange et comme comptoir de vente la S.A.Matériaux.
Dans les années 1970 fut construite l’Usine à clinker de Rumelange sous l’appellation « Intermoselle s.à.r.l.». En 1994, l’ARBED céda son Capital à la société allemande Dyckerhoff, elle même faisant partie du groupe cimentier italien Buzzi-Unicem de Casale Monferrato, une ville de 36.000 habitants (!) de la province d’Alessandria, région Piemonte. Ce groupe est une petite multinationale employant tout de même plus de 10.000 salariés. L’usine de clinker de Rumelange était intégrée à la S.A. des Ciments Luxembourgeois S.A. le 1.1.2005.
On dit que Cimalux est le premier contribuable de la Ville d’Esch-sur-Alzette. (Les montants payés par les contribuables de l’impôt communal sont secrets et ne sont même pas connus des membres du conseil communal). Il s’agit d’une industrie importante qui en attire bien d’autres dans son voisinage immédiat au Monkeler*), notamment la fabrication de pièces de béton armé préfabriqué qui sont de plus en plus utilisées dans la construction.
Questions de transport
Comme les deux entreprises font depuis 2005 partie du même groupe, il est intéressant de se pencher un peu sur les transports. Il est arrivé que des colonnes de gros camions de la société Araujo ont transporté par route le clinker à la cimenterie en passant par le Neidierfchen créant des nuisances difficilement supportables pour les habitants. Il faut espérer que cela ne se reproduira plus. Il existe en effet une ligne de chemin de fer électrifiée spéciale entre Rumelange et Esch qui n’est pas très connue. Elle part de l’usine à clinker sur une voie distincte de la ligne Rumelange-Tétange-Kayl-Noertzange, rejoignant cette ligne sur quelques kilomètres, puis ella la quitte de nouveau à la sortie de Kayl et ensuite rejoignant la ligne Rodange-Bettembourg à l’entrée de Schifflange. D’où la situation loufoque près du pont autoroutier rouge près de Schifflange qui surplombe deux lignes ferroviaires et une route.
En entrée de la gare d’Esch les rames doivent être poussées en arrière sur un aiguillage pour passer par Arbed-Esch-Schifflange puis par un pont sur la route Esch-Schifflange et l’Alzette pour rejoindre Monkeler. Est-ce que le transport par rail du clinker et des produits ciments destinés à l’exportation dans le cadre du grand quartier nouveau « Alzette » ou « Metzeschmelz » est garanti? Un transport par route devrait être prohibé car il s’agit de transport industriel lourd et massif.
L’écologie dans tout cela ?
Tant l’usine à clinker que sa sœur cimenterie sont des industries terriblement énergivores. Pour permettre un développement durable, pour ne pas perdre cette industrie lourde à moyen terme il faudra des efforts technologiques considérables que la petite multinationale Buzzi-Unicem n’est peut-être pas prête à faire sans pression. Ce sera le sujet d’une contribution à suivre.
*) On suppose que le toponyme Monkeler vient de
Montclair. Le seigneur de Montclair, château fortdu moyen-âge situé sur la Saarschleife, aurait
possédé ce terrain entre Esch et Schifflange. Cette explication, qui n’est pas
assurée, gagne en crédibilité lorsqu’on demande à une personne francophone de
prononcer « Monkeler » à sa façon.
Frank
Jost 23.3.2021
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